NFT, Tokenisation : Une digitalisation santé en marche ?
Le 11 mars 2021, l’œuvre digitale que l’artiste Beeple proposait aux enchères en NFT dépassait les 69 millions de dollars. Au même moment Jack Dorsey, fondateur de Twitter, vendait, pour près de 3 millions de dollars en NFT le premier message jamais posté sur le réseau social. Quelques mois plus tard, l’œuvre de l’artiste Pak baptisée The Merge atteignait 91,8 millions de dollars, toujours en NFT.
Bulle ? Arnaque ? Le fait que cette dernière œuvre, remise en vente depuis, atteigne péniblement les 30 000 dollars invite à la suspicion, mais il y a plus aux NFT que ces simples buzz médiatiques. S’ils agitent l’actu depuis un certain temps déjà ( nous vous en avions déjà parlé), le concept de tokenisation offre pourtant de réelles opportunités, bien au-delà de l’art. Parmi les secteurs qui pourraient en bénéficier se trouve celui de la santé.
Ça vous étonne ? Lisez la suite.
Tout savoir sur la tokenisation
En Anglais, Token signifie jeton. Dans ce cadre, un Token constitue représentation numérique d’un actif, créé sur une blockchain. Regardés de très près par le monde de la finance notamment, les tokens séduisent parce qu’ils proposent une plus grande fluidité des échanges, mais aussi une plus grande transparence et des gains de temps considérables.
Techniquement, un token se crée via un smart contract, micro programme déployé dans une blockchain dont la tâche est d’exécuter certaines instructions conditionnelles simples, qu’il est cependant impossible de modifier puisque leur intégrité est garantie par la blockchain. Par exemple, on sait que 60% des passagers subissant des retards de vol ne font pas jouer leur assurance. Avec un billet tokenisé, un smart contract pourrait s’activer automatiquement en cas de retard et débloquer les indemnisations sans aucune intervention.
Mais quel intérêt pour la santé ?
La santé : une digitalisation imparfaite
Si la digitalisation du secteur de la santé est indéniable, la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid 19 l’a accélérée. Téléconsultation, santé mobile (ou m-santé), E-patients entrent peu à peu dans les mœurs. Mais cette digitalisation rapide apporte avec elle son lot de problèmes. Ainsi, les informations médicales sont numérisées dans des dossiers de santé électroniques, cryptés et sécurisés. Cependant ces données ne sont pas simplement utilisées par les médecins. Anonymisées elles représentent une source importante de valeurs (développement d’algorithmes de diagnostics, recherche de nouveaux marqueurs de maladie…). Les objectifs sont louables, mais ils posent également de vraies questions éthiques car « des renseignements personnels et sensibles sur la santé sont consultés et échangés en dehors de la sensibilisation des patients sur une base régulière et par des moyens légaux », explique Kristin Kostic-Quenet, éthicienne médicale à l’Université Baylor dans un article publié dans Science en février 2022.
Les NFT, nouvelle étape de la digitalisation de la santé : remède miracle ou poison lent ?
Pour résoudre ces problèmes éthiques, cette spécialiste suggère que les NFT pourraient représenter une solution. Les données seraient certes toujours associées à une base de données sécurisée et cryptée, mais les NFT y joueraient le rôle de traceur, inscrivant dans l’inviolable blockchain l’ensembles des mouvements (entrées, consultations, ajouts) aux données, et pouvant le cas échéant bloquer ou autoriser certaines actions par le biais des smart contracts que nous avons évoqués plus haut. Chaque patient pourrait ainsi décider en toute transparence d’accorder l’accès à tel ou tel organisme, pour des objectifs déterminés, en toute transparence et avec l’assurance absolue que ces volontés seront respectées.
Mais la chercheuse ne s’arrête pas là et imagine que chacun pourrait ainsi contrôler l’usage, voire la vente de ses données de santé. Certains vont plus loin, comme la bioéthicienne Marielle Gross qui, dans un article publié dans Scientific American indique qu’il n’y a selon elle « aucune raison pour que les patients ne soient pas propriétaires de leurs propres échantillons – ainsi que des dérivés ». En d’autres termes, les prélèvements de tissus par exemple, associés à un NFT, resteraient propriétés du patient sur qui ils ont été prélevés, et potentiellement faire l’objet de tractations commerciales. Les données santé deviendraient en quelque sorte une nouvelle monnaie d’échange pour tout un chacun.
A l’éventualité de la merchandisation du vivant, il faut ajouter les risques de dérive et la possibilité de voir l’individu primer sur les questions de santé publique. Que ce serait-il passé si le plasma de James Harrisson, cet australien dont le sang contenait un anticorps unique, seul capable de soigner la maladie hémolytique du nouveau né, avait été adossé à une NFT ? Aurait-il monnayé les dons qu’il a fait durant 60 ans, sauvant plus de 2,4 millions de nouveau-nés dans le monde ?
Conclusion
Cet article ne fait qu’aborder ces questions qui agitent de plus en plus le monde de la santé. Il est indéniable que ce dernier connaît actuellement de profondes mutations. Les avancées scientifiques majeures et le progrès technologique se mêlent de plus en plus et on a parfois du mal à envisager toutes les potentialités encore embryonnaires, qui feront du XXIème siècle une véritable révolution. Malgré les incertitudes, les risques et les dérives possibles, inhérentes à l’avancée de la science, l’avenir reste exaltant et plein de promesses.
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